À travers
le feuillage

“Cupidon :  Toi Apollon, virtuose dans bien des domaines, tu as vaincu le serpent Python de ta flèche
fatale ; mais tu ignores alors ce que porte celle que je te prépare. Moi, Cupidon, fils aimé d’Aphrodite, je
te prouverai que ma flèche est plus sûre que la tienne, tu l’éprouveras dans ta chair. Ton désir portera
sur Daphné, la nymphe qui honore Artémis et tient plus que tout à sa liberté que toi seul peut
contraindre. Car sa beauté joue contre son désir, tu la verras si belle que tu la poursuivras à travers bois,
à travers ces chemins qu’elle connaît si bien, tu plaideras ta cause ne comprenant sa fuite. Les ronces
lui griffent les jambes, ton ombre la menace. Tu vois la beauté de la nymphe s’amplifier par l’effort, le
voile qui virevolte sur son corps gracieux, tu vois ses cheveux en bataille. Tes arguments sont vains.
Encore un coup de ton serviteur, ma flèche dans son cœur est faite du lourd plomb qui renforce son
dégoût pour tes nobles atours. Elle est nymphe et fille du dieu Pénée, le fleuve puissant et lourd jusqu’au
rivage duquel vos pas vous guideront. L’un cherche sa proie, l’autre son salut.”